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“En anĂ©antissant parfois des familles entières, en faisant rĂ©gner la terreur, en rĂ©primant sans pitiĂ© certains comportements et certaines pratiques dĂ©sormais considĂ©rĂ©es comme intolĂ©rables, les chasses aux sorcières ont contribuĂ© Ă  façonner le monde qui est le nĂ´tre. Si elles n’avaient pas eu lieu, nous vivrions probablement dans des sociĂ©tĂ©s très diffĂ©rentes. Elles nous en disent beaucoup sur les choix qui ont Ă©tĂ© faits, sur les voies qui ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es et celles qui ont Ă©tĂ© condamnĂ©es. Pourtant, nous nous refusons Ă  les regarder en face. MĂŞme quand nous acceptons la rĂ©alitĂ© de cet Ă©pisode de l’histoire, nous trouvons des moyens de le tenir Ă  distance. Ainsi, on fait souvent l’erreur de le situer au Moyen-Ă‚ge, dĂ©peint comme une Ă©poque reculĂ©e et obscurantiste avec laquelle nous n’aurions plus rien Ă  voir, alors que les grandes chasses se sont dĂ©roulĂ©es Ă  la Renaissance – elles ont commencĂ© vers 1400 et pris de l’ampleur surtout Ă  partir de 1560. Des exĂ©cutions ont encore eu lieu Ă  la fin du XVIIIe siècle, comme celle d’Anna Göldi, dĂ©capitĂ©e Ă  Glaris, en Suisse, en 1782.”

Tiré de:
Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Paris: Zones, 2018, p. 13. Pour ce paragraphe, elle se base sur le travail de l’historien Guy Bechtel.

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